MikeDDKing |
Ma Recette Secrète: La fiche des ingrédients
Espace MicroCaps est fier d’avoir obtenu les droits de traduction sur les articles éducatifs du MicroCapClub (« MCC »). Le MicroCapClub est un forum exclusif pour les investisseurs de microcaps expérimentés afin de partager et discuter d’idées d’investissement, avec un focus sur les marchés canadiens et américains. La mission du club est de favoriser la mise sur pied d’une communauté d’investisseurs de microcaps de haute qualité, de produire du contenu éducatif pour ses lecteurs et de promouvoir un meilleur leadership dans l’univers des microcaps.
Le club a été fondé en 2011 par Ian Cassel et est également la co-propriété de Mike Schellinger, mieux connu sous le nom de « MikeDDKing ». Ce dernier trône loin au sommet du classement des meilleurs investisseurs du MCC avec un rendement cumulé de 2,427% au 30 juin 2015 sur les idées qu’il a profilées. Il est donc tout à fait naturel de débuter cette collaboration avec le MCC en publiant la recette secrète qui a contribué au succès de MikeDDKing. « La fiche des ingrédients » est le premier de quatre articles sur sa recette secrète et a été originalement publié le 4 octobre 2012 sous le titre My Secret Recipee : The Index Card.
-Traduction par Simon Boudreau
On me demande souvent comment je fais pour dénicher les microcaps dans lesquelles je décide d’investir. Question à laquelle je réponds souvent vaguement telle une grand-mère qui décrit les ingrédients de la recette familiale comme un peu de ceci et un peu de cela. Tout le monde adore cette recette mais personne ne sait comment la reproduire car elle est bien enfouie dans la tête de grand-maman. Enfin, je me suis décidé à sortir une fiche et commencé à y écrire les ingrédients.
Avant de vous laisser savoir ce qui se trouve dans la fiche des ingrédients, je vais vous donner un avant-goût de la recette secrète car après tout, vous vous demandez sûrement à quel point elle est bonne ne l’ayant jamais goûtée. Au fil des ans, j’ai raffiné ma technique d’investissement qui me permet de sélectionner des microcaps gagnantes environ 73% du temps (basé sur mes positions entre 2010-01-01 et 2012-09-27 dans mes comptes personnels). Selon un article, la moyenne des investisseurs boursiers font un profit par transaction environ 55-60% du temps alors mon bilan est significativement plus élevé que la moyenne. De plus, pour ce qui est des profits, l’ensemble de mes transactions gagnantes dépasse largement mes pertes. Mon succès me permet donc d’être un investisseur à temps plein dans l’espace des microcaps depuis plus de 6 ans.
Même si j’ai trouvé une technique qui me permet de choisir des titres gagnants un haut pourcentage du temps, j’aimerais préciser qu’il existe plusieurs façons de faire de l’argent en bourse et que ma recette n’en est qu’une parmi tant d’autres. Ajoutons à cela que plusieurs méthodologies peuvent être employées par un investisseur pour bâtir un portfolio tout comme plusieurs recettes sont utilisées pour cuisiner de savoureux plats. Je recours moi-même à différentes méthodes mais je vais mettre l’emphase sur ma recette préférée que j’utilise la vaste majorité du temps pour mes investissements. Cet article a pour but de réduire ma recette à une simple formule mais il est important de comprendre que même si je peux quantifier une partie de ma méthodologie, il y a aussi une grande part qui s’apparente plus à de l’art et qui ne peut être quantifiée. Dans certains cas, on ajoute une pincée de sel, dans d’autres rien du tout et je ne peux pas décrire tous ces différents cas.
Essentiellement, ma recette consiste à trouver des microcaps avec une croissance rapide et profitable à des prix très abordables relativement aux bénéfices présents et futurs. Je suis à la recherche de microcaps équivalentes à quelque chose comme LULU seulement à des évaluations excessivement basses. Poursuivons avec plus de détails ci-dessous.
Au recto, je commence par inscrire les ingrédients pour la viande de mon ragoût favori. Afin que la recette soit un succès, on doit y retrouver tous les ingrédients mentionnés, aucun substitut. Les voici :
1- Profitabilité – Pratiquement toutes les compagnies dont je suis actionnaire génèrent un profit selon les PCGR (principes comptables généralement reconnus) américains ou IFRS canadiens. Les actions que j’achète qui ne respectent pas cette règle sont presque toujours sur le seuil de la rentabilité. La raison pourquoi la profitabilité est si importante est que l’évaluation d’une entreprise est intimement liée à la valeur d’actualisation des bénéfices futurs. Ce ne sont pas toutes les compagnies qui ont la discipline ou un modèle d’affaires leur permettant d’être profitable. Choisir des compagnies déjà profitables implique donc un certain degré de succès. Je trouve aussi qu’évaluer une entreprises déjà rentable est beaucoup plus facile qu’une qui ne l’est pas.
2- Croissance durable – J’investis pratiquement toujours dans des compagnies qui ont des revenus et bénéfices en croissance. Dans certains cas, une perte de revenus est acceptable (exemple : fermeture/vente d’une partie non-rentable des opérations). Par contre, une augmentation des bénéfices est quant à elle non négociable. Je choisis parfois des compagnies qui sont déjà en croissance mais je regarde aussi pour des opportunités où j’ai raison de croire que les revenus et bénéfices vont croître dans le futur. Par exemple : l’attribution de nouveaux contrats, une augmentation du carnet de commandes, un nouveau produit ou un facteur macroéconomique tel que discuté ici (article en anglais). Peu importe à quoi on attribue la croissance, je préfère fortement les compagnies qui sont en mesure d’offrir une croissance durable (à l’inverse de revenus trimestriels qui fluctuent beaucoup).
3- Évaluation attrayante – Je suis à la recherche d’actions qui se transigent à des rabais substantiels comparativement aux bénéfices futurs et préférablement aussi aux bénéfices présents. Je privilégie les compagnies qui je pense, vont au moins doubler de valeur, me procurant ainsi une marge de sécurité. Je ne vais pas entrer dans les détails spécifiques d’une évaluation car c’est un sujet très vaste et complexe que nous ne pourront adresser dans cet article.
Un ragoût doit être composé de plus que juste de la viande. Alors sur le recto, je vais inscrire les ingrédients potentiels qui donneront à la recette un goût unique. Je les appelle ingrédients potentiels car on peut faire la recette de différentes façons et du coup, ce ne sont pas tous les ingrédients qui sont primordiaux. Vous avez juste besoin d’assez d’entre eux pour donner un goût exquis. Voici les ingrédients secondaires potentiels :
1- Entreprise à marge brute élevée – J’aime vraiment ce type d’entreprise car la croissance des revenus se reflète très rapidement et en grande partie dans les profits. Une augmentation du coût brut des produits ou des autres coûts tend aussi à avoir moins d’impact sur le bilan des entreprises avec de fortes marges brutes. Ce qui fait qu’en général, le marché a moins tendance à être aveuglé par les variations de coûts. À l’inverse, les entreprises à faible marge peuvent passer d’un profit à une perte simplement à cause de l’augmentation du coût d’une matière première. Selon moi, une entreprise à marge brute élevée en est une avec marge brute de 50% et plus tandis qu’une à faible marge serait de 20% et moins. Un point à considérer est que les entreprises peuvent augmenter leur marge brute tout en augmentant les revenus alors parfois la marge brute du moment n’est pas représentative du potentiel.
2- Bilan financier solide – Je préfère les compagnies avec un bilan financier solide mais je peux investir même si ce n’est pas le cas. Si le bilan est faible, je vais avoir besoin d’un rabais encore plus alléchant sur le prix de l’action.
3- Structure attrayante de l’actionnariat – Certaines structures sont mieux que d’autres. La première chose que je regarde est le potentiel de dilution tel que des options d’achats, bons de souscription, dettes convertibles et actions privilégiées convertibles. Tout potentiel de dilution doit être pris en considération dans mon évaluation.
4- Achat d’initiés – J’aime beaucoup les équipes de gestionnaires qui achètent leurs propres actions ; C’est bien souvent un signe que l’action est présentement sous-évaluée.
5- Secteur et histoire sexy – Une bonne histoire aussi est bénéfique car cela génère de l’intérêt pour l’action. Une expansion de la gamme de produits, un produit qui suit les tendances macroéconomiques ou encore un produit qui répond à un nouveau besoin sont tous des exemples qui peuvent créer une belle histoire. Il y a des secteurs en vogue à certains moments précis et d’autres secteurs où les entreprises n’ont pratiquement aucune sensibilité économique. Par exemple, j’aime bien les compagnies médicales en croissance parce qu’en général, on ne doit pas se soucier de comment l’économie pourrait les impacter.
Au-delà des ingrédients tangibles, il y a aussi d’autres aspects à considérer mais ce sont des zones souvent intangibles et difficilement quantifiables. La qualité et l’expérience des gestionnaires, l’histoire et le bilan présent et passé de la compagnie, les probabilités de fraudes et la capacité de la compagnie à produire des bénéfices sont tous des éléments que je prends en considération. Encore une fois, une portion de tout ceci s’applique plus à l’art qu’à la science du marché et de l’investissement.
Cela met fin au premier chapitre de la série. Dans le prochain article, je vais discuter de comment je m’y prends pour faire mes courses et ensuite, nous passerons à la cuisine pour y faire cuire un échantillon.
Partie 2 – Ma Recette Secrète: Faire les courses et le test de goût
Partie 3 – Ma Recette Secrète: Inspecter les ingrédients
Partie 4 – Ma Recette Secrète: Le rack à aubaines
PCGR (principes comptables généralement reconnus) américains ou IFRS canadiens… je crois que c’est l’inverse, est-ce que je me trompe?
Peux-tu spécifier davantage ta pensée Samuel? Ce qu’on voulait exprimer ici, c’est que nous avons les IFRS au Canada alors que les États-Unis utilisent encore leurs PCGR.
Bonjour Philippe, Premièrement merci pour tous ces articles idées d’investissements, je les lis tous attentivement et j’en apprécie la qualité.
À props des PCGR et IFRS, c’est mon erreur, de par la signification des acronymes (PCGR en français et « International » dans IFRS) j’ai pensé intuitivement, et à tord que les PCGR s’appliquaient au Canada et les IFRS au États-Unis.
Or dans ce cas-ci le Canada semble en avance sur les État-Unis en ce qui attrait à l’adoption des normes de publication des informations comptables.
Désolé pour le dérangement 😉