Ian Cassel |

Ne vous souciez pas de l’illiquidité, souciez vous d’avoir raison

Article publié originalement en anglais sur le MicroCapClub, sous le titre Don’t Worry About Illiquidity, Worry About Being Right.

Le MicroCapClub, co-géré par Ian Cassel et Mike Schellinger, est un forum exclusif pour les investisseurs de microcaps expérimentés afin de partager et discuter d’idées d’investissement. La mission du club est de favoriser la mise sur pied d’une communauté d’investisseurs de microcaps de haute qualité, de produire du contenu éducatif pour ses lecteurs et de promouvoir un meilleur leadership dans l’univers des microcaps. Vous pouvez vous joindre à la communauté du MicroCapClub en devenant membre ou abonné.

-Traduction par Mathieu Martin

 

Je suis un investisseur de microcaps à temps plein et je gagne ma vie exclusivement grâce aux gains en capitaux réalisés sur des entreprises microcaps. Je ne suis pas plus intelligent que quiconque lisant ce blog. Mon seul avantage a été ma passion pour les microcaps, qui a commencé très jeune. Cela a été bénéfique car ça m’a permis de perdre beaucoup d’argent tôt dans la vie. Je continue de perdre de l’argent dans les microcaps de temps en temps, mais mon pourcentage de gains a augmenté au fil des ans. Mon objectif en matière d’investissement a toujours été de trouver des entreprises exceptionnelles avant la majorité des gens. L’investissement en microcaps est difficile, donc il est important de mettre toutes les chances de son côté.

On me demande assez souvent: Qu’est-ce que tu recherches dans une entreprise microcap?

Je recherche des entreprises bénéficiant d’une tendance émergente, avec une excellente équipe de direction, une bonne structure d’actions, un produit ou un service unique, qui fait face à peu ou pas de compétition et qui a peu de comparables transigés publiquement. Lorsque la tendance émergente que j’ai identifiée devient évidente et que tous les investisseurs recherchent un véhicule d’investissement pour en profiter, je veux que ce soit cette entreprise. C’est ce qu’on appelle la rareté et c’est l’une des forces les plus puissantes pour propulser un titre bien au-delà de sa valeur intrinsèque. Oh, et je veux aussi les trouver très petites, de préférence avec une capitalisation boursière inférieure à 20 millions $. Plus elles sont illiquides, mieux c’est. Je veux que les initiés possèdent une partie importante des actions et que les institutions financières n’en possèdent pas. Je veux que ces entreprises soient profitables ou qu’elles aient suffisamment de liquidités pour y parvenir.

A part ça, je suis assez ouvert d’esprit.

 

 

La rareté peut créer certains des gains les plus impressionnants sur le marché. Quepasa (QPSA), maintenant MeetMe (MEET), était en 2010 le seul réseau social transigé publiquement, et cette rareté a fait passer les actions de 3$ à 14$ en moins d’un an. Le volume a également considérablement augmenté. Quand j’ai commencé à en acheter, le volume était de 10,000 actions par jour; 9 mois plus tard, c’était 1 million d’actions par jour. Il n’y avait pas d’alternatives et les institutions financières devaient détenir le titre, peu importe le prix qu’elles payaient. MeetMe a rapidement chuté lorsque d’autres entreprises du même secteur sont devenues publiques. Ce que vous voulez, c’est la rareté ainsi que des fondamentaux solides. C’est la dynamique que je recherche. C’est rare et difficile à trouver, mais ça existe. Vous combinez ces facteurs avec une entreprise qui n’a pas besoin de lever d’argent et cela crée la situation parfaite, car les investisseurs n’ont pas le choix d’acheter leurs actions dans le marché.

Investir demande une certaine vision et il faut que vous trouviez ces entreprises tôt, avant les institutions financières…

Il y a 4,396 entreprises publiques sur les bourses américaines avec une capitalisation boursière inférieure à 50 millions $. Le volume moyen en dollars de ces microcaps (ou nanocaps) est inférieur à 15,000$ par jour. La plupart des investisseurs crient comme un vampire qui voit une croix à l’idée même d’une telle illiquidité. Mais c’est mon terrain de jeu.

L’illiquidité est une belle chose. Plus le titre est illiquide, moins l’entreprise est connue et moins elle est chère en général. J’adore quand il faut un mois ou plus pour acheter une position complète. La façon dont je gère la taille de mes positions est peu orthodoxe pour la plupart des gens, mais je suis très à l’aise de détenir entre une semaine et plusieurs mois de volume moyen.

L’illiquidité n’est jamais une raison de ne pas investir dans une entreprise. Pourquoi? Si votre thèse d’investissement se déroule comme prévu et que la direction exécute, la liquidité augmentera considérablement.

 

 

Par exemple, il y a 18 mois, BioSyent (RX.V) valait 0,60$ et transigeait pour 5,000$ d’actions par jour. La direction a fait preuve d’une belle exécution et aujourd’hui, c’est un titre de 5$ qui transige pour 250,000$ d’actions par jour. Il y a un peu plus d’un an, Plug Power (PLUG) transigeait entre 50,000$ et 100,000$ d’actions par jour, et la semaine dernière, c’était 1 milliard $ d’actions par jour. Ce que ça illustre, c’est que lorsqu’une équipe de direction exécute et que le marché découvre l’histoire, le titre augmente de valeur et sa liquidité aussi.

 

Petits investisseurs de détail -> Grands investisseurs de détail -> Petites institutions -> Grandes institutions

(«Dumb Money») ————— («Smart Money»)

 

Lorsqu’une entreprise avec une bonne structure d’actions exécute et que le volume passe de 10,000 actions par jour à 100,000+ actions par jour, cela représente non seulement une augmentation de la liquidité, mais également une maturation de la base d’actionnaires. Normalement, les petits investisseurs de détail trouvent ces entreprises en premier, ce que la plupart qualifieraient de «dumb money». Ensuite arrivent des investisseurs de détail un peu plus gros, des petites institutions financières puis des grandes institutions financières. Cette maturation est visible lorsque vous analysez un groupe d’entreprises avec une capitalisation boursière de 20 millions $ par rapport à d’autres de 100 millions $ de capitalisation boursière. Le  premier groupe compte très peu ou pas d’investisseurs institutionnels, tandis que le second est généralement détenu à plus de 20% par des institutions. Chaque groupe d’acheteurs a un plus grand appétit pour les actions que le précédent, et chacun pense qu’il est plus intelligent que la personne de qui il achète. Le petit investisseur de détail est toujours perçu comme peu sophistiqué même s’il a trouvé le titre bien avant les institutions financières.

La clé est de trouver ces entreprises et de les acheter tôt comme des petits investisseurs de détail, puis de vendre lorsque les institutions financières se mettent à acheter. Soyez le «dumb money» et vendez au «smart money». Trouvez-les tôt quand elles sont inconnues et illiquides. J’ai gagné ma vie en les trouvant tôt et en les vendant au «smart money». Vous voulez les trouver à des capitalisations boursières de 10 à 20 millions $ et les vendre à 100 millions $ et plus.

Lorsqu’une thèse d’investissement se déroule comme prévu et que l’équipe de direction exécute, la liquidité augmente souvent de 10 à 100 fois. Donc, lorsque vous recherchez la prochaine microcap exceptionnelle, ne vous souciez pas de l’illiquidité, souciez vous d’avoir raison.