Brandon Chow |

Pourquoi la plupart des investisseurs n’obtiendront jamais de «100-bagger»

Avez-vous déjà obtenu un «100-bagger» (un titre qui multiplie sa valeur initiale par plus de 100 fois)? C’est une question à laquelle la plupart aimeraient répondre oui, mais malheureusement, échouent lorsqu’ils examinent leurs comptes de courtage personnels et se rendent compte qu’ils sont loin d’y arriver.

Ces mystérieux «100-baggers» existent-ils? Comment en obtenir un? Je vous épargne la lecture. En bref, il suffit de détenir une petite entreprise de haute qualité pendant très, très, très longtemps.

Mais que devons-nous rechercher? Trouver une excellente entreprise dans laquelle investir, en particulier au stade de microcap, n’est qu’une partie de l’histoire. S’y accrocher à travers les hauts et les bas est le principal défi et signifie également de ne pas succomber aux adages populaires comme «vendre ses gagnants» et «prendre des profits».

En fait, au fur et à mesure que l’on regarde les données, on commence à voir que l’investisseur moyen s’éloigne de plus en plus de l’objectif tant espéré d’un «100-bagger».

Cela représente une opportunité unique pour ceux qui sont prêts à aller à l’encontre du reste du marché. Des investisseurs patients et à long terme qui ont une forte conviction et, encore une fois, qui veulent conserver leurs actions très longtemps.

Note aux lecteurs

Bien que les «100-baggers» aient été discutés dans le passé, y compris dans le livre 100 to 1 in the Stock Market de Thomas Phelps, il n’y a pas eu beaucoup de publicité quant aux histoires à succès des compagnies cotées ou ayant leur siège social au Canada. Cet article tentera de mettre ces noms au premier plan et d’aider les Canadiens à mieux comprendre la formule pour investir dans les futurs «100-baggers» canadiens.

Je ne suis pas ici aujourd’hui pour discuter de la façon de sélectionner les meilleurs titres de microcaps. J’ai écrit des articles à ce sujet précédemment, et le sujet sera également abordé dans des articles futurs. L’article d’aujourd’hui se concentrera sur les données que j’ai recueillies pour illustrer le pouvoir de la conviction et de la patience.

 

Échantillon de «100-baggers» canadiens

Vous trouverez ci-dessous une liste de «100-baggers» canadiens qui montre le nom de l’entreprise, le symbole boursier et un prix de départ qui est le plus bas historique du titre. Les colonnes suivantes indiquent la date de fin à laquelle l’entreprise a atteint le statut de «100-bagger», le temps qu’il a fallu pour y parvenir, le taux de croissance annuel composé (TCAC) pour s’y rendre et le rendement total en date du 16 juillet 2021. Les rendements n’incluent pas les dividendes.

 

 

Nous pouvons déduire de ce tableau que la période de détention est un facteur important dans la réalisation d’un «100-bagger» et aide ces entreprises à atteindre leur statut très convoité. Avec une durée moyenne de 11,99 ans et un TCAC moyen sur cette période de 57,99 %, il est impressionnant de voir la force des rendements composés.

Pourquoi est-il si difficile d’obtenir un «100-bagger»? Nous allons élaborer là-dessus dès maintenant.

Cependant, avant de nous y plonger, j’ai également inclus une liste de mentions honorables qui n’ont pas encore atteint le statut de «100-bagger» mais qui sont sur la bonne voie.

 

Mentions honorables

  • CCL Industries Inc. (TSX: CCL.B)
  • Dollarama (TSX: DOL)
  • Enghouse Systems Ltd. (TSX: ENGH)
  • goeasy (TSX: GSY)
  • Pollard Banknote (TSX: PBL)
  • Shopify (TSX: SHOP)

 

1. La plupart des investisseurs n’achètent pas des microcaps

Tous les «100-baggers» énumérés ci-dessus étaient des microcaps (capitalisation boursière de moins de 500 millions $) à leur prix de départ. Les petites entreprises ont la capacité de croître plus rapidement. Cependant, selon la théorie financière, elles présentent également un risque plus élevé, ce qui se traduit par une volatilité plus élevée.

Selon l’indice Wilshire 5000 Total Market, les grandes capitalisations représentaient environ 92 % du marché total des actions américaines au 31 décembre 2020. La majorité des investisseurs préfèrent investir dans des titres à grande capitalisation, car ils sont perçus comme plus stables, plus transparents et offrent une sécurité grâce aux dividendes trimestriels.

Cependant, les grandes capitalisations sont confrontées à la loi des grands nombres.

«La loi des grands nombres signifie pour les investisseurs que les entreprises à petite capitalisation boursière ont beaucoup plus de place pour croître (à un rythme beaucoup plus rapide) que les entreprises à grande capitalisation.» Source

Par conséquent, vous ne pouvez pas obtenir un rendement de 100x si vous investissez dans une entreprise déjà trop grande. Tous les «100-baggers» de notre échantillon (à l’exception de Constellation Software) ont commencé en tant que «penny stocks» (actions à moins de 5,00$).

 

2. La plupart des investisseurs ne détiennent pas assez longtemps

Nous avons déjà établi avec notre échantillon que le temps moyen nécessaire pour obtenir un «100-bagger» est d’au moins une décennie. L’investisseur moyen a-t-il la patience d’aller jusqu’au bout?

Selon Reuters, qui a utilisé les données du NYSE et de Refinitiv, la période de détention moyenne des actions est désormais inférieure à un an. Le graphique ci-dessous montre la diminution du temps de détention des actions, qui est en baisse depuis les années 1970 et qui continue de diminuer.

 

 

De plus, dans son livre intitulé 100 Baggers: Stocks that Return 100-to-1, Christopher Mayer a analysé près de quatre-cent «100-baggers» américains et a compilé le temps qu’il a fallu a chacun pour y arriver, par tranches d’années. Dans son analyse, la majorité des «100-baggers ont pris entre 16 et 30 ans!

 

 

Investir à long terme au 21e siècle est devenu plus difficile pour plusieurs raisons : facilité de transiger, bombardement constant d’informations et volatilité plus élevée.

La réalité est que les investisseurs s’éloignent de plus en plus d’obtenir des rendements constants et supérieurs au marché en n’investissant pas à très long terme.

 

3. La plupart des investisseurs ont de la difficulté à faire fi des conventions

L’idée d’un «100-bagger» peut sembler trop ambitieuse pour certains, et je suis sûr que plusieurs investisseurs sont ravis de doubler ou tripler leur argent. En voyant des profits sur papier se présenter, il existe de nombreuses tentations de vendre selon la «sagesse populaire», ce qui peut vous entraîner à vendre une partie ou la totalité de votre position avant même de réellement commencer l’aventure.

Par exemple:

  1. Dès que vous doublez votre argent, vendez la moitié de votre position, rendant le reste de votre position «sans risque».
  2. Vendez vos gagnants pour acheter plus des perdants qui sous-performent.
  3. Vendez votre position lorsque le titre «monte trop haut» et dépasse sa juste valeur.

Les actions sont sujettes à des fluctuations, et à court terme, il y aura des fluctuations qui créeront une tentation d’acheter ou de vendre. Cependant, il s’agit souvent d’une distraction qui vous incitera à sortir d’une position qui, à long terme, continuera de bien performer et semblera très constante lorsque vous la regarderez sur un horizon de dix à vingt ans.

 

«Notre période de détention préférée est pour toujours.» – Warren Buffett

 

Cette citation intemporelle de Warren Buffett quant à une période de détention permanente est fidèle aux données soutenant l’investissement à très long terme. Warren mentionne d’ailleurs que si nous ne nous sentons pas à l’aise de détenir une action pendant dix ans, nous ne devrions même pas la détenir pendant dix minutes.

Ça tombe bien, puisqu’il s’avère que dix ans est au moins ce qu’il vous faudra.

 

Conclusion

La théorie derrière un investissement réussi n’est pas sorcier et est bien documentée depuis plus d’un siècle. Cependant, en pratique, il est difficile de lutter contre nos propres émotions, de rester fidèle à notre engagement à investir dans de petites entreprises et de les conserver très longtemps.

En fin de compte, c’est un jeu psychologique qui est devenu de plus en plus difficile à jouer alors que nous vivons dans un monde où l’information circule rapidement, les émotions sont amplifiées par les médias sociaux et l’argent rapide entre et sort constamment des nouveaux secteurs chauds du marché.

Il y a beaucoup d’excellentes microcaps canadiennes qui attendent d’être trouvées. J’espère pouvoir écrire sur certaines d’entre elles dans dix à vingt ans, dont certaines que nous aurons découvert, dans lesquelles nous aurons investi et, espérons-le, aurons atteint le statut de «100-bagger».

Bonne chance.

 

À propos de l’auteur

Brandon Chow est un millénial financièrement averti, dont le portefeuille de microcaps a été lancé suite à la vente dans les six chiffres de son entreprise d’hébergement web alors qu’il était à l’école secondaire. À temps plein, il lutte contre les changements climatiques en dirigeant les relations avec les investisseurs chez Xebec Adsorption (TSX: XBC), un chef de file canadien des technologies propres. Il vise également à éduquer et à inspirer les milléniaux à construire leur vie de façon intentionnée en investissant dans leur version de «YOLO», par le biais de The YOLO Fund.

 

Divulgation

Brandon Chow, collaborateur d’Espace MicroCaps, détient des actions de Xebec Adsorption (XBC.TO) et est employé de l’entreprise pour les relations avec les investisseurs.