Maj Soueidan |

5 astuces pour devenir un meilleur investisseur

 

Cet article a originalement été publié en anglais par GeoInvesting LLC sous le titre «5 Tips to Become a Better Investor». GeoInvesting LLC se spécialise dans la diffusion de contenu de haute qualité sur les micro et petites capitalisations boursières. Depuis sa création, GeoInvesting LLC a bâti sa réputation sur sa sélection de «GeoBargains», un groupe de titres boursiers répondant à un ensemble de critères spécifiques leur permettant de performer mieux que leurs pairs. Pour en savoir plus sur les services offerts par GeoInvesting, veuillez visiter leur site web: GeoInvesting Arbitrage

-Traduction par Simon Boudreau 

 

Apprendre à devenir un meilleur investisseur est un processus sans fin, que l’on soit débutant ou expérimenté. Le chemin pour y arriver n’est pas différent de celui des autres aspects de notre vie quotidienne ou professionnelle. Je suis un grand amateur de sports et le tennis est mon choix de prédilection depuis que j’ai 15 ans. Même en vieillissant, je trouve toujours des façons d’améliorer mon jeu et mes techniques en tirant leçons de mes défaites et moins bons coups. Au tennis tout comme en bourse, mêmes de petits gains progressifs peuvent, ensemble, mener à de grandes victoires. Si vous voulez un peu plus d’information sur le fait d’être un investisseur à temps plein, j’en discute dans cet article intitulé «Alors vous voulez devenir investisseur à temps plein? Suivez ces 10 conseils.»

À quoi ressembleraient ces rendements supplémentaires si le fait d’être un meilleur investisseur vous permettait de constamment battre les rendements du S&P500 par aussi peu que 2% par année. Et 4%? Ou pourquoi pas 10%? Le tableau ci-dessous l’illustre bien :

Investir dans les microcaps peut vous donner de meilleures chances d’arriver à battre le marché par une marge importante. Cet article le démontre clairement par des analyses des microcaps sous divers angles.

 

 

Dans l’entrevue de Bobby Kraft avec l’investisseur Mark Vonderwell, Mark souligne le rendement que les investisseurs individuels peuvent réaliser en investissant dans les microcaps les plus illiquides qui existent, ce qui vient complètement défaire les idées préconçues comme quoi il faut seulement investir dans les grandes capitalisations.

 

 

Dans tous les cas, que vous soyez attirés par les grandes capitalisations, les petites capitalisations ou les microcaps, vous devriez prendre des mesures pour devenir de meilleurs investisseurs et ainsi augmenter vos rendements au long terme. Améliorer ses rendements ne vient pas seulement du fait d’acheter des titres sous-évaluées. Cela provient également d’une bonne compréhension du risque et des émotions.

Voici 5 conseils pour devenir un meilleur investisseur que vous pourriez trouver utiles:

 

1. Apprenez à vous départir de vos perdants

Avez-vous déjà été dans une mauvaise relation où vous saviez qu’il fallait y mettre fin mais que les «oui mais…» vous empêchaient d’agir? Puis, à un moment donné, vous avez finalement dit au revoir et n’avez jamais regardé en arrière par la suite? À quel point vous êtes-vous sentis bien?

Nous sommes des gens émotifs. Il n’y a aucune façon de contourner cela. Je ne connais pas beaucoup d’investisseurs qui n’ont pas laissé leurs émotions influencer la façon dont ils investissaient à un moment ou un autre. C’est particulièrement vrai chez les investisseurs microcaps. Nous avons tendance à transformer nos idées d’investissement en batailles personnelles.

L’une des choses les plus difficiles auxquelles nous sommes confrontés en tant qu’investisseurs est d’arriver à couper le cordon lorsque nous perdons de l’argent sur un titre sur lequel nous avions fondé de grands espoirs. C’est un sujet très délicat. Vous pourriez associer le fait de vendre une position perdante à un échec ou même être devenu si émotionnellement investi dans la compagnie, que vous ne voyez tout simplement pas que votre thèse pourrait être erronée. Vous avez peut-être même développé une relation avec le management. À mesure que le temps avance, ne pas résoudre ces problèmes aura tendance à multiplier la douleur et la souffrance causées par le syndrome de «Et si je vends ma position et que le prix de l’action remonte?» — au lieu de multiplier vos rendements.

Que vous soyez un investisseur fondamental à long terme ou un investisseur court terme, vous allez être confrontés à des situations qui peuvent s’apparenter à des symptômes de dépression bipolaire :

  • Les sautes d’humeur dramatiques du trouble bipolaire peuvent interférer avec votre capacité à faire de bons choix, en particulier pendant un épisode maniaque.
  • Les symptômes de la dépression comprennent la tristesse, l’indifférence affective, la fatigue et le sentiment de désespoir.
  • La manie provoque souvent de l’agitation, de l’anxiété, de l’irritabilité et un comportement impulsif.
  • Souvent, les personnes atteintes de trouble bipolaire ne reconnaissent pas à quel point elles sont affectées (une condition connue sous le nom d’anosognosie) et peuvent imputer leurs problèmes à des facteurs externes.

Est-ce que quelque chose vous semble familier? Évidemment, je ne dis pas que les investisseurs qui rencontrent ces émotions sont définitivement bipolaires. Ce que j’essaie de dire c’est que nous devons éviter d’atteindre des points d’inflexion émotionnelle afin de devenir de meilleurs investisseurs. Une bonne thérapie pour cela consiste à tromper l’esprit en prenant vos décisions et en passant immédiatement à autre chose, peu importe le résultat futur. Ça peut paraître anodin mais c’est aussi simple que cela. Plus vous le ferez et plus vous constaterez que cet exercice devient facile. Le côté malsain se trouve dans l’absence de décision et le questionnement éternel qui vient avec. Soyez décisifs, vendez les titres qui sont de mauvais investissements et dont vous en êtes certains au fond de vous-même. Ensuite, passez à autre chose, à la manière de Robert Frost:

Le titre que vous avez vendu finit par remonter? Et puis quoi? Rappelez-vous ce que Tom Cruise a dit dans le film Quelle affaire! (Risky Business), «Parfois, vous devez seulement dire GO et agir». Il y aura toujours d’autres opportunités d’investissement desquelles vous pourrez tirer profit. Vous serez étonnés de voir à quel point vous deviendrez un meilleur investisseur si seulement vous apprenez à vous départir de vos perdants. Rappelez-vous que le temps passe et qu’on ne peut pas le récupérer.

«Chaque jour que vous gaspillez à détenir un mauvais investissement est du temps qui pourrait vous permettre de multiplier votre capital dans un meilleur titre.»

Jusqu’à présent, je n’ai fait référence qu’à une situation dans laquelle un titre que vous détenez ne coopère pas mais la même logique d’anxiété peut s’appliquer aux titres qui montent continuellement (et qui sont devenus surévalués) lorsque vous n’arrivez pas à les vendre. Vous courez le risque de subir un revers émotionnel si l’action chute et que vous n’avez pas encaissé au moins une partie de vos bénéfices.

 

2. Ne vendez pas vos meilleurs titres en mode panique

Les émotions peuvent vous empêcher d’agir lorsque vous vous accrochez à un mauvais investissement tout comme elles peuvent vous inciter à vendre vos titres de qualité seulement parce que le prix de l’action a chuté. La manie du trouble bipolaire peut causer des comportements impulsifs, comme par exemple la vente d’un titre dont le prix baisse sans raison légitime. La vente de panique est une réponse naturelle qui vous fera agir sans même le réaliser. Les médias financiers vont souvent utiliser le terme «capitulation». Ce phénomène se produit généralement lorsque tout le monde liquide un titre en même temps ou lorsque le marché s’effondre. Heureusement, il existe plusieurs façons de contrer ce mauvais comportement.

  • Sachez dans quoi vous investissez. Je suis abasourdi par le nombre d’investisseurs qui ne connaissent pas ou très peu les compagnies dans lesquelles ils investissent. Bien connaître son investissement est le meilleur moyen d’arriver à bâtir la confiance nécessaire pour arriver à ne pas vendre aujourd’hui, les titres qui seront les grands gagnants de demain.
  • Développez une relation avec le management. Ultimement, lorsque nous achetons des actions d’une entreprise, nous misons sur le management. Assurez-vous de comprendre et surtout d’être d’accord avec le plan de croissance et le modèle d’affaires, et aussi de croire en la capacité du management à faire face aux nombreux défis auxquels ils seront confrontés. Faire confiance au management d’une entreprise vous permettra d’accroître votre propre confiance envers votre thèse d’investissement lorsqu’elle sera remise en cause par d’autres investisseurs ou par la volatilité du marché. Lorsque les choses semblent mal tourner, appelez le management pour connaître le fond de l’histoire.
  • Sortez prendre une marche. Quand le prix d’un de vos titres tombe en chute libre mais que vous savez profondément que ce n’est pas fondé et que ça ne reflète pas la valeur de l’entreprise, sortez du bureau. Allez vous entraîner, voir un film ou jouer de la musique et laissez le temps faire son œuvre.
  • Évitez d’investir sur marge. Je dois avouer que je le fais moi-même. Cependant, investir sur marge vous obligera dans certains cas à vendre d’excellents titres au moment où vous devriez les acheter. La marge peut servir d’effet de levier et amplifier vos rendements dans les bonnes périodes, mais l’inverse peut également se produire très rapidement. Soyez prudent!

Si un de vos titres vous cause de l’anxiété, que vous décidez de le vendre et que finalement il s’avère être un grand gagnant, ce n’est pas la fin du monde si cela est thérapeutique pour vous sur le moment. Vous pouvez toujours le rachetez plus tard même si vous payez un peu plus cher.

 

3. Évitez l’analyse excessive

Il est possible que ce point ne vous rejoigne pas mais il est pertinent pour moi.

Quand j’étais à mon année junior au collège, l’un des premiers cours de finance que j’ai pris portait sur la gestion de portefeuille et se déroulait tôt le matin le lundi, mercredi et vendredi. Mon professeur semblait misérable et frustré alors qu’il défendait inlassablement l’hypothèse des marchés efficients et essayait de nous convaincre que la construction d’un portefeuille de plus de 12 titres était inutile. Quand je lui ai posé quelques questions à son bureau, il m’a ignoré et m’a dit de rentrer à la maison juste avant d’ajouter que j’allais échouer.

Dans les groupes d’études, je regardais mes camarades de classe analyser et décomposer des formules pendant des heures, en espérant trouver la formule magique. Au fond de moi, je savais déjà que je devais sortir de cette atmosphère et que l’investissement relevait plus d’un art que d’une science. J’ai décidé de sauter des cours et de passer ces matins à la bibliothèque de l’école à lire sur les entreprises et sur ce qu’elles faisaient. Mon nouveau «plan de cours» était maintenant de lire les lettres de la Value Line, les feuillets détachables du S&P et les lettres aux actionnaires. Je gardais ça simple. Au final, j’ai passé le cours avec un A+ et depuis, je continue de battre le rendement des indices avec des portefeuilles très concentrés ainsi qu’avec des portefeuilles comprenant des centaines de titres. J’ai fait mentir la théorie.

Lorsque je dis que l’investissement repose plus sur l’art que la science, c’est que tout ne repose pas sur les chiffres. Quand vous analysez des compagnies et lisez des documents officiels sur SEDAR, vous devez comprendre qu’il y a une différence entre une compagnie risquée et une compagnie qui est un mauvais investissement. Par exemple, est-ce qu’une compagnie avec une plus faible marge de profit que la compétition représente un mauvais investissement, ou bien est-ce que cela signifie-t-il qu’avec un bon plan la marge de profit devrait pouvoir s’améliorer? Inversement, les vendeurs à découvert vont souvent clamer qu’une compagnie affichant des marges beaucoup plus élevées que la compétition falsifie ses résultats. Bien que ce soit potentiellement le cas, il est aussi possible que cette compagnie fasse simplement les choses mieux que tout le monde.

Analyser en profondeur les facteurs de risque est important, mais il est surtout essentiel d’identifier ceux qui sont vraiment pertinents au lieu de lancer des jugements généraux sans avoir fait ses devoirs.

Au départ, j’aborde toujours une idée d’investissement en regardant les scénarios positifs potentiels, puis ensuite j’examine les facteurs de risque. Si je faisais l’inverse, je serais découragé et finirais par écarter presque toutes les idées d’investissement dès le départ. Il est facile de trouver des problèmes à toutes les entreprises. Ces mêmes problèmes sont aussi la raison pour laquelle nous arrivons à acheter des titres sous-évalués.

 

4. N’ignorez pas les facteurs de risque standards – vous devez lire les documents officiels SEDAR!

La loi de Murphy : «Tout ce qui est susceptible de mal tourner tournera nécessairement mal».

Éviter l’analyse excessive ne signifie pas que vous devriez bâcler votre recherche ou tourner les coins ronds. Comme je l’ai mentionné plus tôt, investir est un art. Au fil du temps, vous devriez apprendre que certains facteurs de risque standards ont la fâcheuse habitude de souvent devenir une réalité. Deux des risques qui m’empêchent de dormir la nuit sont la concentration des clients (1 ou 2 clients extrêmement importants) et les disputes légales non résolues.

Lorsque vous regardez le risque de concentration de la clientèle, posez-vous ces trois questions :

  • La concentration a-t-elle augmenté ou est-elle restée constante au fil du temps? (l’investissement devient plus risqué si elle a augmenté)
  • Y a-t-il des facteurs qui augmentent la probabilité que les clients aient de meilleures options ailleurs ou reprennent une partie des affaires à l’interne? (l’investissement devient évidemment plus risqué si ça a augmenté)
  • Est-ce que le management résout ce problème avec de la croissance organique?
  • Est-ce que le management est à la recherche d’acquisitions qui pourraient élargir la clientèle et créer des synergies et des opportunités de ventes croisées pour ses gammes de produits actuelles?

Pour ce qui est des risques légaux :

  • Rendez-vous directement à la section qui traite des aspects légaux des états financiers annuels vérifiés pour voir si la compagnie a un historique de problèmes juridiques.
  • Si vous trouvez des problèmes juridiques, assurez-vous de bien en comprendre l’ampleur en trouvant des phrases telles que : «Nous ne pensons pas qu’un résultat négatif aura un impact significatif sur nos activités» ou «Un résultat négatif pourrait avoir un impact significatif sur nos activités» (plus risqué) ou encore «Nous ne pouvons pas déterminer quel impact un résultat négatif aurait sur nos activités en ce moment» (plus risqué).

Éviter le risque ne fera pas de vous un meilleur investisseur mais la compréhension du risque et de toutes ses nuances vous aidera beaucoup. Lorsque ces risques sont présents, je ne vais pas nécessairement passer mon tour, mais cela aura certainement un impact sur la taille de ma position. Je serai probablement aussi plus tenace et minutieux lorsque je questionnerai le management à ce sujet.

 

5. Apprenez à dire non

Pour reprendre l’analogie du baseball de Warren Buffett, «attendre la bonne balle» fera certainement de vous un meilleur investisseur. Rien ne vous oblige à détenir tous les titres sous-évalués qui croisent votre route. Croyez-moi, il y aura des moments où vous tomberez sur un titre que vous serez tenté d’acheter simplement parce que les autres titres de qualité que vous possédez ne performent pas bien à ce moment précis. Pour trouver l’encaisse nécessaire, vous serez tentés de vendre vos titres de qualité et ce, possiblement au pire moment. Je suis pour le rééquilibrage des portefeuilles, mais si vous prenez l’habitude de jouer à la chaise musicale avec vos titres, vous courez le risque de devenir fou lorsque ceux que vous vendez finissent par monter et ceux par lesquels vous les avez remplacés ne performent pas. Personnellement, je crée une liste d’attente pour les compagnies que j’aimerais détenir éventuellement, et je choisis parmi cette liste lorsqu’une compagnie dans mon portefeuille est vendue (parce qu’elle a atteint mon prix-cible ou parce que je n’aime plus les perspectives à long terme).

 

Conclusion pour devenir un meilleur investisseur

Vos états d’âme ne devraient pas dicter vos décisions d’achat et de vente. Malheureusement, il arrivera parfois que vos émotions prendront le dessus. L’erreur est humaine après tout. Un élément essentiel pour devenir un bon investisseur est de réaliser que la vie continue et que prendre des mauvaises décisions fait partie du processus d’apprentissage. En minimisant vos réactions émotionnelles et en utilisant les bonnes techniques de recherche, vous prendrez des décisions plus justes et éclairées, ce qui accélérera votre chemin vers la prospérité.

 

Maj Soueidan